Si il y a bien une valeur que porte la licence Halo, c’est celle de l’espoir que des jours meilleurs sont à venir pour tous ceux qui luttent sans désespérer. Dans une période aussi chaotique que celle que nous vivons actuellement, autant dans la vie réelle que dans la communication qui entoure Halo Infinite, le roman Shadows of Reach mérite certainement qu’on le compare à une lueur guidant les fans pendant l’attente. Ou en tout cas pour les anglophones avertis, en l’absence d’annonce d’une version française.
Cet article contient des spoilers cachés derrière un bouton à cliquer. Vous pouvez donc lire sans crainte si vous voulez conserver la surprise.
Informations commerciales
Ces informations sont publiées en date du 11/11/2020 et peuvent être amenées à évoluer avec le temps.
Disponibilité : Neuf
Site conseillé : Amazon, Book Depository
Prix conseillé : 12 €
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Avis des collectionneurs
Lunaramethyst
Halo : Shadows of Reach est paru le 20 octobre 2020 et est écrit par Troy Denning, un auteur qui a su conquérir le cœur des fans autant par sa productivité (il a écrit cinq romans et une nouvelle pour Halo en cinq ans, dont deux passés en Review sur Halo.fr) que par un style démontrant son grand intérêt pour l’univers. Shadows of Reach ne fait pas exception à cette règle.
L’histoire se place en octobre 2559, à peu près un an après Halo 5 : Guardians et 7 mois après le début de Halo Wars 2. Les quatre Spartans de la Blue Team sont déployés sur Reach sur ordres du docteur Halsey pour se rendre dans les ruines de la base CASTLE dont ils ont déclenché l’autodestruction sept ans plus tôt, afin de retrouver des objets que Halsey considère comme critiques pour affronter Cortana. Pour les Spartans à présent quarantenaires, la mission est un douloureux retour dans les ruines de la planète sur laquelle ils ont été forgés. Si les premiers chapitres forment un démarrage un peu lent, le livre passe rapidement à la vitesse supérieure et de là, ne freine plus.
L’humanisation des Spartans est un des sujets favoris des auteurs travaillant sur Halo et Troy Denning propose l’approche la plus personnelle jamais proposée. Si ses romans Silent Storm et Oblivion se présentaient comme des histoires d’apprentissage, confrontant de jeunes Spartans aux réalités du monde et de la guerre, Shadows of Reach donne un angle plus mélancolique à leurs émotions, et en particulier au Major à propos de sa relation avec Cortana et de son statut de héros de l’humanité. Cette fragilité humaine se retrouve aussi dans le fait qu’on aura jamais vu autant de scènes avec des Spartans blessés, plutôt que simplement massacrés comme Eric Nylund le faisait dans les premiers romans de la série (La Chute de Reach, Opération First Strike et Les Fantômes d’Onyx).
La dynamique entre les personnages est tout aussi appliquée que leur dynamique interne. Voir la Blue Team échanger des plaisanteries sèches en plein combat est un plaisir absolu pour les fans qui suivent l’équipe depuis leurs débuts, de même que la manière dont les autres personnages, militaires comme civils, collaborent avec ces légendes vivantes. Leur perception et leurs attentes de la Blue Team, et la manière dont les Spartans y répondent, est le deuxième moteur émotionnel du roman, et certaines scènes concernant des personnages qui n’auront de rôle que dans ce seul livre m’ont réellement touché.
Le roman adopte à quelques reprises le point de vue des Parias. C’est une technique que Denning, comme Tobias Buckell avant lui (Halo : Le Protocole Cole, Halo : Envoy), exploite pour générer de la tension en créant des asymétries d’informations entre ses personnages. Le lecteur est par exemple le seul à savoir que telle supposition sur laquelle repose toute la stratégie d’un des camps est en réalité complètement fausse, sans pour autant sacrifier les effets de surprise quand un protagoniste prend une décision inattendue. C’est également l’occasion pour nous de nous replonger dans la tête d’un protagoniste Brute bien aimé de Denning, mais la mise en pratique de cette technique reste moindre que dans Silent Storm et Oblivion, la majorité du roman restant centrée sur la Blue Team plutôt que sur les Parias, et les personnages civils étant entièrement mis de côtés.
Le seul défaut notable de l’histoire repose dans les motivations de ses protagonistes. Ni chez l’UNSC, ni chez les Parias, les personnages principaux ne savent exactement ce qu’ils cherchent, ce qui place les attentes du lecteur dans un flou que tout le monde n’appréciera pas nécessairement. Préparation pour Halo Infinite oblige, toutes les interrogations ne recevront pas de réponse à la fin du livre, mais les qualités du roman éclipsent largement la frustration qu’on peut ressentir à ne pas savoir exactement ce qu’on cherche par l’intermédiaire des personnages.
Comme Halo : Silent Storm avant lui, la narration de Shadows of Reach constitue une image efficacement détaillée de chaque scène, et ce à plusieurs niveaux. Dans les scènes de bataille, la configuration stratégique des combattants, les difficultés du terrain et l’atmosphère oppressante des combats nocturnes sont non seulement finement pensés pour faire peser la tension sur les combattants (et sur le lecteur par la même occasion), mais également retranscrits en mots précis qui évitent de heurter le rythme de lecture plus que de mesure. Dans les scènes plus calmes, c’est la quantité de termes techniques dans des lexiques aussi variés que la médecine de combat ou l’extraction minière qui frappe, comme si Denning se posait en expert dans un grand nombre de domaines. Cette précision des détails est à la fois un atout et une faiblesse : Denning se repose sur l’usage de mots souvent exotiques, et même avec un niveau confortable en anglais, on doit souvent ouvrir le dictionnaire pour comprendre exactement ce qui vient de nous être décrit. Shadows of Reach se rend ainsi complètement hermétique à ceux qui voudraient en faire une de leurs premières lectures en anglais. N’oubliez pas non plus de réviser les principes de radar passif et actif si vous ne voulez pas être perdu au chapitre 4.
Le niveau de détail concerne également l’univers de Halo lui-même. On trouve ainsi des références à Halo : La Chute de Reach (ce à quoi on pouvait s’attendre vu le lieu de l’action et le design de la couverture), Halo : Opération First Strike, Halo : Reach et le journal du docteur Halsey qu’on trouvait dans ses éditions spéciales, Halo Wars 2, et à tous les précédents romans de Denning. Pour toute cette connaissance fine de l’univers, l’auteur n’oublie pas pour autant de se l’approprier et introduit bon nombre de détails pour faire vivre le roman par lui-même, notamment dans la géographie de la planète Reach et la culture interne des Parias. Mais il s’agit de nouveau d’une arme à double tranchant, puisqu’il est difficile de comprendre les implications de toutes les facettes du roman sans en avoir lu au moins six autres auparavant.
Dans cet aspect, Shadows of Reach se pose dans un rôle similaire à celui de Halo Infinite. Il se veut être un retour aux sources en plaçant son action sur la planète la plus importante de Halo : La Chute de Reach, la toute première histoire Halo jamais racontée (pour rappel, le premier roman est paru une semaine avant Halo : Combat Evolved). Il veut aussi préparer le futur de la saga en apportant des indices sur la direction scénaristique que prendra Halo Infinite. Et il veut concilier les deux en tissant de nombreux liens entre les histoires de différentes ères de l’histoire de Halo.
Dans l’optique de voir un peu plus clair dans le futur, je vous propose une petite liste de spoilers d’importance. Cliquez sur le bouton ci-dessous pour les révéler, et jouez le jeu en ne spoilant pas dans les commentaires.
- Tous les Spartans à bord de l’UNSC Infinity portent des armures GEN3, dont la Blue Team et Sarah Palmer. La Blue Team est équipée du fameux grappin de Halo Infinite, mais également d’un camouflage actif intégré expérimental qui pourrait être un équipement d’armure potentiel dans la campagne du jeu.
- On apprend que Escharum, le grand méchant de Halo Infinite, a été le mentor d’Atriox et a servi de commandant des Parias durant l’absence d’Atriox sur l’Arche. Les deux guerriers sont en très bons termes, ce qui pose la question de la retraite prolongée dont se plaignait Escharum sur le Halo Zeta dans Halo Infinite. A-t-il été écarté par Atriox ?
- À la fin du roman, un portail de sous-espace est brièvement ouvert entre Reach et l’Arche, permettant à Atriox et plusieurs de ses lieutenants de revenir. En effet, Atriox est parvenu à transmettre un message à Escharum depuis l’Arche peu après les événements du DLC de Halo Wars 2 L’éveil du cauchemar, et à utiliser des fragments du cristal de sous-espace apparu dans Halo : Opération First Strike pour déclencher l’ouverture du portail.
- Plusieurs lieutenants d’Atriox sont mentionnés durant cette scène : Jato ‘Ratum, Balkarus (déjà cité dans les Journaux de Phoenix de Halo Wars 2) et Zeretus « Le Fléau ». Cela ressemble à une discrète introduction de quelques-uns des boss qu’on affronterait dans Halo Infinite aux côtés de Jega ‘Rdomnai. Sur ce même sujet, le roman introduit la notion de différents clans internes aux Parias, différenciés par des couleurs d’armures distinctes. Peut-être aurons nous l’occasion d’observer ces différences dans le jeu.
- C’est également dans ce chapitre que les Keepers of the One Freedom, la secte apparue dans Halo : Last Light et Halo : Retribution, trahissent les Parias pour se rendre sur l’Arche et tenter de réussir là où l’Alliance Covenante a échoué pour déclencher les Halos et réaliser le Grand Voyage. À leur insu, l’équipe Ferret de Veta Lopis, composée des Spartans-III Ash-G099, Olivia-G291 et Mark-G313, sont infiltrés au sein du groupe et se rendent donc avec eux sur l’Arche. Ces événements pourraient être cités dans Halo Infinite sans avoir d’importance dans le scénario, mais pourraient servir de point de départ pour le prochain roman.
- Si la nature exacte des objectifs de la Blue Team n’est jamais expliquée, Halsey insiste qu’ils sont critiques pour vaincre Cortana, et leur description succincte nous donne suffisamment d’éléments pour deviner en partie leur importance. Ces objectifs sont trois caissons cryogéniques et une boîte en bois marquée d’un sabre turc. Il ne fait aucun doute à ce stade que ces trois caissons contiennent les spécimens H-2, H-3 et H-4 mentionnés dans le journal du docteur Halsey inclus dans les éditions spéciales de Halo : Reach. Il s’agit de trois cerveaux clonés du docteur Halsey, qu’elle avait mis de côté après avoir utilisé le spécimen H-1 pour créer de Cortana. Le contenu de la boîte en bois reste un mystère, le sabre n’évoquant rien dans l’univers Halo qui semblerait spécifiquement utile à la lutte contre Cortana.
Pour les fans les plus investis, il convient également de noter une offre promotionnelle qui a concerné ce roman. En achetant Halo : Shadows of Reach dans les magasins américains Wal-Mart, une histoire supplémentaire intitulée Sacrifice était inclue. Un bonus qui, encore une fois, favorise largement les fans outre-Atlantique et fait grincer des dents dans le reste du monde, en particulier puisque Wal-Mart ne livre pas à l’international et ne semble pas non plus accepter les paiements internationaux. Dans mon cas, comptant passer par un proxy pour réexpédier le colis en France, ma commande a été annulée dès validation de l’achat sous prétexte que ma carte bancaire virtuelle serait frauduleuse.
Et à moins d’être collectionneur acharné, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Sacrifice est signé « 343 Industries » plutôt que Troy Denning, ce qui n’est pas très reluisant quand on en voit le contenu, en particulier lorsque l’histoire partage la même couverture que l’excellente histoire de Shadows of Reach. Oubliez les personnages attachants et leur exploration, et ouvrez la porte à quelques protagonistes sans grand intérêt alors qu’ils mènent une mission de récupération d’un des objets importants pour les coulisses de Shadows of Reach. Sacrifice introduit le chef Brute Minas et le maître épéiste Okro ‘Vagaduun (le même dont le nom apparaissait brièvement sur la carte du monde dans la démo de gameplay de Halo Infinite), et, plus agaçant, apporte des détails sur la chronologie de certains événements de l’univers, le rendant donc important pour le fan investi malgré son inaccessibilité. Une traduction française de l’histoire est disponible pour ceux intéressés.
On espère dans le futur ne plus avoir à reprendre 343 Industries rendre l’univers Halo exclusif à un pays.
Conclusion
Dans une période de ralentissement de l’activité officielle de la saga, Halo : Shadows of Reach fait effet de coup de turbo pour l’univers Halo. Il ne s’agit pas du roman parfait (qui ne peut de toute façon pas exister), mais autant dans sa structure générale que dans son rythme et ses personnages, il s’agit sans aucun doute d’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur roman Halo. Il ne reste plus qu’à en avoir une version en français, et de corriger le tir autour de la distribution de l’histoire bonus.
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Poster en tant qu'invité
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Merci pour ce rewiew et la trad vivement les sorties françaises 😉 super boulot ^^
Merci beaucoup pour l’article. Un plaisir a lire ! ????????