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[Review] Halo : Sang Nouveau

Après vous avoir régalé les oreilles lors de la précédente review, nous vous proposons pour cette deuxième édition de plonger avec nous dans un livre. Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que la licence Halo possède une saga littéraire considérable de plus de vingt romans, ainsi que de quelques recueils de nouvelles et, plus récemment, des novellas, un format intermédiaire entre l’histoire courte et le roman complet.

Le livre qui nous intéresse aujourd’hui est le premier novella Halo, écrit par Matt Forbeck, un auteur habitué des jeux et univers typés « geek ». D’abord paru en numérique le 2 mars 2015, il est sorti au format papier le 15 mars 2016, puis de nouveau le 17 juin 2016 mais cette fois-ci en français grâce aux soins des éditions Milady dont il s’agit de la treizième publication Halo.

Halo : Sang nouveau (New Blood) est un long rapport du Spartan Edward Buck, qui raconte tout au long des 278 pages son enfance, son entrée chez les ODST, la perte de ses camarades, et sa transformation en Spartan dans une galaxie à peine sortie de la guerre contre les Covenants.


Informations commerciales

Ces informations sont publiées en date du 01/05/2017 et peuvent être amenées à évoluer avec le temps.

Date de sortie : 17 juin 2016
Disponibilité : Neuf / Occasion 
Site conseillé : Librairies / Amazon
Prix conseillé : 8,20 €

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Avis des collectionneurs

Lunaramethyst

Avant d’attaquer le fond, voyons un peu la forme. La couverture d’Isaac Hannaford, un illustrateur vétéran de la série Halo, est très solennelle, jouant sur le contraste entre l’armure sombre de l’ODST et une herbe verdoyante. En librairie, vous verrez surtout l’étiquette orange indiquant que l’ouvrage est recommandé par le site Gameblog, qui qualifie le livre de « Plongée inédite dans l’univers de Halo » sur la quatrième de couverture. Avec seize romans en français, je trouve l’aspect inédit est un peu exagéré.

Tous les ouvrages de Milady sont des formats poches sortis des imprimeries CPI. L’impression elle-même est de bonne qualité. Sur mon exemplaire, je n’ai à reprocher qu’une double page où le manque d’opacité de l’encre rend la lecture un poil moins agréable, et aucune tache d’encre au rendez-vous contrairement à mon exemplaire de Halo : Silentium, qui en comportait deux petites qui ne gênaient pas pour autant la lecture. Le papier lui-même est bien plus agréable que celui utilisé jadis par Tor Books puisque plus flexible, mais format poche oblige cette flexibilité ne permettra pas au livre de rester bien ouvert dans la main comme dans les plus grand formats. Si Tor Books fournissait un papier un peu jaune et le duo Gallery Books et Titan Books, actuels éditeurs des romans Halo aux États-Unis et Royaume-Uni, en préfèrent un plus grisé, les pages de Milady sentent un peu les agents blanchissants mais conservent la texture du papier et n’agressent pas l’œil comme ce qu’on a pu voir de pire en terme de traitement.

Traduction

La traduction du livre est signée Sébastien Baert, qui avait déjà travaillé sur Halo : Le Protocole Cole et deux tomes de la Trilogie Kilo-5. Son travail a été complété par une relecture des termes propres à la licence Halo par le staff du WikiHalo pour assurer la cohérence entre les différents livres.

Le stigmate le plus visible de la traduction est l’explication des sigles comme UNSC, ONI ou ODST. Afin de bien présenter la signification de ces termes, ils sont indiqués en toutes lettres en anglais et en français, formant mécaniquement des butoirs lors de la lecture. Heureusement ces explications se limitent aux premiers chapitres. La traduction a fait le choix de continuer de présenter les sigles d’unités sous la forme « Alpha-9 », comme « Kilo-5 » dans la trilogie de Karen Traviss, et ce afin d’accommoder les lecteurs qui voudraient les prononcer à la française ou à l’anglaise.

Parmi les rares erreurs plus classiques, comme le genre d’un personnage erroné ou un vouvoiement qui se transforme subrepticement en tutoiement le temps d’une ligne de dialogue, Buck est parfois appelé sergent et d’autres fois adjudant. Il s’agit ici des séquelles du difficile exercice de localisation des grades, un gros point noir des traductions Halo depuis les débuts de la série (comme notre héros qui passe d’adjudant à major entre les deux premiers jeux alors qu’il n’a pas reçu de promotion). Dans Halo 3 : ODST, Buck portait le grade complètement fictif de « sergent-artilleur », traduction littérale de « Gunnery Sergeant ». Dans sa traduction, Milady a décidé de se fier à une correspondance directe entre grades américains et français pour rectifier le grade de Buck en adjudant et transmettre aux lecteurs une meilleure représentation de sa place dans la hiérarchie militaire.

Le gros bémol de cette traduction est la quatrième de couverture. Contrairement au reste du roman, le sigle UNSC est ici marqué « CSNU », reprenant les vieilles traductions utilisées par les éditions Fleuve Noir en 2003. On retrouve également « Guerre Covenante », avec un accord en genre différent de celui trouvé dans le livre, ce qui tend à démontrer que la quatrième de couverture n’a définitivement pas bénéficié du même soin que le contenu.

Narration

En ce qui concerne l’histoire elle-même, le paragraphe ci-dessous ne comporte pas de spoilers, mais les suivant en auront.
L’histoire est intégralement racontée à la première personne avec des termes souvent familiers et un ton de conversation, mais certaines tournures de phrases plus conventionnelles viennent parfois s’insérer dans le récit, créant un décalage de ton plus visible dans les dialogues. Ces derniers sont assez nombreux, mais on trouve aussi des passages dédiés à l’univers, où Buck décrit l’état général de la galaxie à différentes périodes, donnant un panorama unique de l’évolution de l’univers, et des passages d’action qui font bien leur travail pour présenter l’espace, et les personnages dans celui-ci. Le récit lui-même suit une structure non linéaire avec une introduction in media res. Cette structure aide à maintenir le suspense et susciter l’intérêt tout au long du livre, mais à certains moments du récit il devient facile de se perdre dans les différents événements après que Buck ait ouvert une, voir deux parenthèses dans son récit. Sur les 19 chapitres du livre, certains sont plus courts et pensés pour introduire un nouvel événement, et d’autres plus longs, orientés sur l’action et iront jusqu’au bout des événements. La plupart des personnages du livre sont issus du jeu Halo 3 : ODST mais connaître les événements du jeu n’est pas nécessaire pour suivre cette histoire.

*  *  *

Attention, les paragraphes suivants comportent des spoilers. Cliquez ici pour les passer si vous n’avez pas lu le roman et souhaitez découvrir l’histoire par  vous-même.

Le rapport de Buck s’ouvre sur une mission de 2555, dont la narration sera brusquement interrompue pour maintenir un suspense durant l’intégralité du livre. D’ici, Buck suit un semblant d’ordre chronologique en parlant de son enfance et de son entrée dans les Marines, puis de la destruction de sa planète qui motive son entrée chez les ODST. Le récit commence ici la longue liste de tout ce que Buck aura perdu lors de sa vie, immédiatement suivie de l’introduction d’une mission se déroulant en 2554. Durant cette dernière, Buck va confronter ses idéaux à ceux des insurgés humains, soulevant les contradiction et concessions morales des deux camps. Le récit s’interrompt ici de nouveau pour revenir plus loin dans le passé en 2546, afin que Buck introduise les personnages de Veronica Dare et Sarah Palmer.

Avec la relation Buck/Palmer, Forbeck se base sur le premier numéro de Halo : Initiation et présente Palmer à l’époque de son service dans les ODST, mais surtout comme une Spartane en devenir, établissant un parallèle entre elle et Buck. Son rôle s’arrête néanmoins là, contrairement à celui de Dare. Halo 3 : ODST avait introduit la relation complexe entre Buck et Dare comme la première vraie romance racontée dans l’univers Halo. Le livre va continuer la situation introduite dans le jeu en présentant l’évolution de la relation, de la rencontre initiale viciée au respect mutuel, ainsi que les problèmes de confiance entre l’ODST et l’agent de l’ONI et le conflit entre leur dévotion envers l’autre et celle à leur devoir militaire.

Toujours dans la parenthèse de la bataille de 2554 suit ce qui est probablement le plus gros point faible du livre : pendant près de 40 pages, Buck va relater les événements de Halo 3 : ODST. Si les plus investis relèveront quelques détails inédits, ceux qui ont déjà fait et refait le jeu s’ennuieront à relire ce qu’ils ont déjà vécu manette en main. Plus intéressant est le récit des conséquences des événements du jeu, qui introduit également les Spartans-IV dans le récit. Mais pas le temps d’aborder les super-soldats puisque la fin de la bataille en 2554 marque la mort du Bleu, le héros du jeu Halo 3 : ODST. Cette mort est à la fois un choc pour le lecteur qui a incarné le personnage, et pour Buck, qui à partir de ce point va lentement perdre l’une des choses les plus stables de sa vie : son unité, dont les membres vont peu à peu perdre de leur cohésion. Les connaisseurs reconnaîtront également des éléments tirés du comic Halo : Helljumper.

Le récit entre alors dans sa deuxième partie, celle promise dès le début où Buck va raconter sa transformation en Spartan-IV. On trouve quelques passages inattendus explorant la fragilité de ces nouveaux Spartans, mais l’histoire ne se focalise pas trop longtemps sur ce point pour introduire un nouvel élément : les Spartans-IV ne sont pas les forteresses mentales qu’étaient leurs prédécesseurs, et un traître gagné à la cause insurgée apparaît. En l’absence de l’ennemi unificateur représenté par l’Alliance Covenante, certains Spartans n’arrivent pas facilement à transférer leur haine de l’ennemi alien à un ennemi humain, et remettent en question leur commandement. Les différences d’opinion entre les membres de l’équipe de Buck culminent dans la dernière partie lorsque la résolution de la mission de 2555, en suspens depuis le début du livre, n’est autre qu’une trahison au sein de l’équipe, qui donne lieu à un combat à mains nues intense. Le livre se conclut alors que Buck est loué pour son humanité dans ses pertes et sa droiture, qui constitue à la fois la plus grande faiblesse, mais aussi la plus grande force morale des nouveaux Spartans. On retiendra quand même que les motivations du traître sont assez floues, ce qui dessert l’interprétation finale. Cette version papier possède une conclusion absente de la version numérique qui fait un lien direct avec l’entrée de Buck dans l’équipe Osiris dans Halo 5 : Guardians.

*  *  *

Niveau histoire comme narration, Sang nouveau s’en tire donc bien malgré quelques bémols. Il ne se contente pas de suivre un enchaînement d’actions, prend le temps de bousculer les convictions de ses personnages et de faire évoluer ses thèmes tout en proposant des approches inédites dans la saga littéraire Halo.

Conclusion

Sous le format quelconque mais soigné de Halo : Sang nouveau, on trouve donc un livre certes imparfait mais qui est certainement l’un des meilleurs livres Halo disponibles en français à ce jour, dans un genre complètement différent du drame galactique de Halo : Silentium ou du récit d’espionnage de Halo : Dictata mortels. Et en tout cas bien moins décevant que Halo : Les Chasseurs dans l’ombre.

  • Une présentation classique mais soignée.
  • Beaucoup de détails sur l’univers.
  • Une narration unique pour un livre Halo…
  • …Qui ne plaira pas à tout le monde.
  • Quelques problèmes de traduction.

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